Autour des noms de rues…

Vous trouverez ici une nouvelle version du travail de recherche « Autour des noms de rues, de hameaux, de lieux dits de notre village », agrémentée de la possibilité d’écouter 5 chroniques radio « Ma rue, son histoire » de Gwennola Foucherand, de RCF St-Etienne. Une belle mise en appétit pour aller lire la suite qui se trouve ci-dessous.

Ma rue, son histoire…

Avec nos remerciements à RCF Saint-Etienne pour l’intérêt que cette radio porte à notre patrimoine piraillon.

Origines des noms du village, de ses rues, ses hameaux, ses lieux-dits…

Les textes présentés ci-dessous sont le fruit de recherches réalisées par Michel, Denise, Hubert, Dany, Christian, François, une équipe de Patrimoine Piraillon. Vous êtes invités à compléter ces données et nous faire partager vos connaissances, notamment sur les noms suivants : La Pause, La Pourretière, Les Littes, Champgurin, Les Bréasses ou Bréas, L’Orchiorie.

Chaque nom est cliquable :  au 1er clic le texte se déroule, au 2ème clic le texte se range…

D’après l’abbé Chaland, auteur d’un ouvrage de 1852 qui fait encore référence (Mémoires de St Julien-Molin-Molette), Molette aurait été le premier nom du village car on y taillait des meules ou molettes servant à aiguiser les armes blanches. Puis des moulins pour la production de farine ou d’huile s’étant installés le long du Ternay, on ajouta le nom de molin. St Julien(*) n’aurait complété le nom qu’après la construction de l’église en 1555, mais Christian Baas fait remarquer qu’on trouve déjà le nom actuel (en latin) dans le cartulaire du Prieuré de St Sauveur-en-Rue, texte datant du 11ème siècle.

Dans le bulletin paroissial, l’Echo de St Julien, qu’il a fait paraître de 1900 à 1914, l’abbé Peillon consacre 7 longs articles (fin 1905-début 1906) à la biographie de St Julien, une biographie en fait largement romancée. Julien, originaire d’une riche famille de Vienne, en Dauphiné, aurait vécu à la charnière du 3ème et du 4ème siècle. Il embrassa la carrière militaire, mais se convertit au christianisme, ainsi que son ami Ferréol qui l’exhorta à fuir pour échapper aux persécutions ordonnées par l’empereur Dioclétien. Il fut arrêté et décapité près de Brioude en Auvergne et sa tête fut ramenée à Vienne comme preuve. Un ange ordonna à deux vieux bergers de transporter la dépouille de Julien à Brioude. Ils rajeunirent pendant le trajet et se convertirent à l’arrivée. L’un devint St Arcons, l’autre St Ilpize dont deux pittoresques villages du Val d’Allier, en amont de Brioude, portent le nom. Outre St Julien-Molin-Molette, un chapelet de localités porte le nom de Julien (St Julien-Molhesabate, St Julien-Chapteuil, St Julien-du-Pinet…) entre Vienne et Brioude où est construite une très belle église romane, la plus vaste d’Auvergne. Le nom de Ferréol a été donné à une commune de Haute-Loire située à proximité de Firminy.
Il fut question en 1925, de débaptiser notre commune pour l’appeler St Julien-sur-Ternay, mais le projet ne suscita pas l’enthousiasme et fut abandonné.

(*) La modestie des Piraillons dût-elle en souffrir, ils doivent savoir que leur Julien dauphino-auvergnat n’est pas à l’origine de tous les noms de villages et de villes ainsi appelés. L’Eglise a en effet reconnu comme saints trois autres Julien : le premier fut évêque du Mans, le second est peut-être le plus prolifique pour ce qui est de l’étymologie : avec son frère (Saint-) Jules, il avait obtenu de l’empereur Théodose l’autorisation d’édifier des églises à la place des temples païens. Mais le plus célèbre d’entre tous est incontestablement Saint-Julien l’Hospitalier, qui a par ailleurs inspiré à Flaubert une admirable nouvelle. On se doit enfin de rappeler l’existence d’un autre Julien, tout aussi célèbre, mais pour des raisons opposées. « Et il y eut encore un autre Julien qui, celui-là, ne fut pas un saint mais un monstre abominable : c’est, à savoir, Julien l’Apostat » écrit Jacques de Voragine (1230-1298), dominicain, évêque de Gênes en Italie, mais surtout auteur de la Legenda sanctorum, littéralement « la lecture de la vie des saints » qui connut un immense et foudroyant succès sous le titre La Légende dorée et qui fut traduite dans toutes les langues européennes. Neveu de l’empereur Constantin, qui se convertit à titre personnel en 315 à la religion chrétienne, mais laissa subsister les religions païennes, ce Julien gagna son surnom infamant en voulant en revenir aux anciennes religions. Mais son règne fut bref (361-363), car il fut vaincu et tué lors d’une bataille contre les Perses. Son successeur Théodose interdit définitivement le paganisme en 391.

Les habitants de St-Julien-Molin-Molette sont les Piraillons, ce mot viendrait de pirail qui veut dire dans le langage de l’époque : coléreux, révolté. Lorsque Blumestein a obtenu du roi l’autorisation,  en 1717, d’exploiter le minerai de plomb présent en plusieurs lieux de la contrée, les habitants ont eu interdiction de continuer à prélever ce minerai qui était utilisé pour émailler les poteries. Les habitants se révoltèrent pour montrer leur colère. C’est une des versions… Il y en a une autre : pirai dérivée du mot pierre. Les paysans de cette contrée travaillaient un sol pauvre et caillouteux. Leurs voisins les appelaient les perails. La recherche de l’origine de ce nom reste ouverte… Avis à nos lecteurs !

Le nom Ternay a plusieurs étymologies possibles. La plus probable remonterait à un mot pré-latin tourno signifiant une hauteur, une éminence. Le Ternay ne descend-il pas du sommet du Pilat ? Mais sans garantie…

C’est le même sens que condominium, terrain appartenant  à deux seigneurs différents. La Condamine aurait désignée un bien, un domaine, en indivision et aussi les bonnes terres se trouvant près du château.

D’après Joseph Bancel (Histoire de St Julien-Molin-Molette), il y aurait eu ici, dans des temps très reculés, des foires dynamiques nécessitant un vaste espace pour le commerce des bestiaux. Mais aucun texte, ni aucun vestige archéologique ne confirment cette hypothèse. Autrefois l’orthographe était fluctuante : peut-être Marchamp (champ de Mars lieu d’une bataille ou champ de Marcius) ou Marchampt (comme le village de Marchampt – vigne de mauvaise qualité – cf marc – dans la partie non viticole du Beaujolais).

Nom courant dans la moitié sud de la France. Vient du participe passé provençal begude du verbe boire. Une bégude était une auberge, une buvette, un lieu où l’on peut boire. Et dans ce secteur du village il y a de nombreuses sources.

Comme pour St Pierre-de-Bœuf, commune pas très éloignée, mais dans la vallée du Rhône, bœuf est ici une altération de beu qui est un dérivé de bois. Main viendrait de magnus = grand. Mainboeuf désignerait donc un grand bois.

Malencogne : l’endroit où on risque de recevoir des coups, de se faire cogner.
Dans les Mémoires de St Julien-M-M, l’Abbé Chaland rapporte (p. 9) une légende qui dit que vers le 8ème siècle « subsistaient à St Julien, sur la montagne qui domine le village, deux châteaux fameux, célèbres par leurs guerres, leurs haines, leurs brigandages, leurs crimes, que rendait impunis la solitude des bois du Pilat : celui de Bel Air à Picoutiou, et celui de Malamort à Taillis-Vert… châteaux dont il ne reste plus aujourd’hui que des tas informes de pierres et quelques morceaux de fer rouillés attachés à ces antiques pierres. » Malamort signifie évidemment la mauvaise mort et désigne un passage dangereux, un défilé, ce qui est le cas ici : Malamort et Malencogne concordent.

Coron (qui a diverses orthographes) viendrait du nom d’homme latin Corus ou Cortus. À noter qu’on a aussi appelé ce hameau Dorel, vu le nombre de familles portant ce nom qui y vivaient.

Sur un versant bien exposé, on y élevait autrefois des abeilles… pour la production de miel.

On y a élevé, dans la 2ème moitié du 19ème siècle, son style sulpicien étant caractéristique de l’époque, une statue de Marie qui devait être alors comme une sentinelle, un phare en avant du village et se détachant de lui. Cf. la prière « À la Madone » dans le N°2 de l’Echo de St Julien (août 1900).  En voici les 4 premiers vers : « Si vous descendez vers Liponne / Passant saluez la Madone / Qui de son piédestal domine / Saint Julien et la Condamine. »

Ce sont évidemment des lieux bordés de cours d’eau, près des rives… Ruisseaux de Mainboeuf, de Condamin, la Déôme pour la Rivoire, le Ternay et le Pontin pour la Rivory.

Lieu planté de nombreux châtaigniers, qui fut défriché ensuite pour laisser la place à des champs et à un hameau.

Une combe où le soleil a du mal à arriver.

Probablement un des innombrables diminutifs de pierre. À la place des maisons (côté impair) il y avait une carrière. C’est donc la rue des pierres…

Un guéret est une terre laissée en jachère, une sorte de lande. Guéret, préfecture de la Creuse, fut d’abord un monastère perdu sur un espace plutôt désolé. On retrouve ce sens dans la célèbre chanson « Mon beau sapin » : « Quand par l’hiver  bois et guérets / Sont dépouillés de leurs attraits / Mon beau sapin roi des forêts / Tu gardes ta parure… ». Du 18 au 21 août 1910 se tint à St Julien-M-M, le 6ème Congrès Eucharistique du diocèse de Lyon. Le 21 août, une messe qui eut lieu sur la colline de Guéret en fut le point d’orgue.

Ce quartier doit son nom aux tanneries qui y étaient implantées. Pour rendre le cuir imputrescible, les peaux devaient séjourner dans un bain de tan. Pour obtenir ce jus, il fallait écraser les écorces de chêne ou de châtaigner. Cette opération se faisait à l’aide d’un moulin battoir.

Tout au début du 18ème siècle, les habitations sont regroupées dans le bourg : enceinte du château et de l’église sur la rive droite de la rivière Ternay. C’est aussi l’époque où apparaissent des habitations hors du bourg, sur la rive gauche de la rivière : le faubourg.

Le bourg ne possédait qu’une seule rue et un seul pont. Lorsque l’on a tracé une nouvelle voie hors du bourg, elle a été appelée rue Neuve (vers 1850 avec la construction d’un nouveau pont) et la première et unique rue ancienne est devenue la rue Vieille, qui a longtemps conservé ses pavés.

Cela viendrait-il de plessis, plaix, pleix, qui veut dire une haie faite de branches entrelacées ?

Dans ce bois, il y avait un four pour fabriquer le charbon de bois.

Le moulinage de la Roche : la fabrique était en-dessous d’un rocher et à proximité d’une petite carrière d’où ont dû être extraites les pierres qui ont servi à la construction de cette fabrique.

Mot provençal, d’origine gauloise, désignant à l’origine une jeune plantation de chênes.

Cette rue est située entre la maison de retraite et l’école primaire.

Le mot latin podium (= lieu élevé) a donné en français puy et de nombreuses variantes, notamment pech dans le sud, poggio en Corse, poët dans les Alpes… Mary est un des innombrables dérivés (Mairé, Méré, Meyrieu…) du nom d’homme latin Marius. Un certain Marius a dû posséder jadis un domaine sur cette hauteur.

Elle permettait d’accéder à l’ancien cimetière. Ennemond fut archevêque de Lyon au 7ème siècle. C’est lui qui a établi la sonnerie des cloches pour rappeler l’heure des offices religieux. Il est aussi connu sous le nom de Chamond, nom qui a été donné à une ville ligérienne. Il vécut pendant la période troublée que fut l’époque mérovingienne où s’opposaient notamment des états tels que la Neustrie, l’Austrasie, la Bourgogne. Pris dans les luttes entre l’évêque d’Autun (Saint Léger) et Ebroïn, maire du palais de Neustrie, il fut assassiné en 657.

Les végétaux ont inspiré bien de noms de lieux. La Fayolle désignait un bois de hêtres. Hêtre est un mot d’origine germanique arrivé en Gaule romaine avec les grandes invasions du 5ème siècle. Il n’a pas complètement supplanté le latin fagus qui a donné fayard ; on retrouve cette dernière racine dans Fay (Fay-sur-Lignon) ou dans Le Faou en Bretagne.

Drevard et Drevet, viendraient de dervos, un des mots gaulois signifiant le chêne.

Cette rue étroite et courte relie la Montée du Drevard à l’Avenue de Colombier. Un pas est un passage, y compris dans le sens de détroit (le Pas-de-Calais) ou de col (le Pas de Peyrol dans le Cantal). Un riot (ou rio, ru, ruy, ris…) est un ruisseau (Riotord est un village situé sur un ruisseau tordu, sinueux).
Le Pas de Riot est donc un endroit où on peut franchir un ruisseau, un gué. Autrefois, coulait dans ce secteur le Merdaire qui, comme son nom l’indique, servait d’égout à ciel ouvert. En 1866, on inaugura au Gouffre d’Enfer le premier grand barrage-poids d’Europe. Quelques années plus tard, on construisit en amont le barrage du Pas de Riot afin de renforcer la capacité du précédent pour l’alimentation en eau de Saint-Etienne.

D’après Joseph Bancel (Histoire de St Julien-Molin-Molette, p. 11), Modure s’est écrit Moudura. Comme Moudeyres, pittoresque village aux toits de chaume en Haute-Loire, Moudura serait de la famille de moudre, moulin. Le quartier de la Modure est près du Ternay où il  y avait des moulins. Pour rejoindre le moulin de la Caroline au Mas de la Prélagère, on empruntait une partie de la rue de la Modure et on la quittait pour prendre la rue de la Prélagère. Cette voie d’accès était moins pentue que la rue du moulin qui permettait elle aussi d’accéder au moulin.

Baume (Baume-les-Dames…), Beaume (les Beaumettes…), Balme (la Balme-les-Grottes…), viennent du mot pré-latin balma qui signifie un trou, une grotte, un lieu enfoncé. Le hameau Les Baumes est au confluent du vallon dans lequel coule le Tacon et d’un ravin étroit généralement à sec.

Le Ternay coule ici en-dessous de la Condamine et reçoit sur sa droite un maigre affluent souvent à sec. On a donc ici la rencontre de deux vallées, de deux combes.

Cette appellation pourrait provenir de garenne ; ce terme désignait autrefois un bois, un étang ou une portion de rivière auxquels était rattaché un droit exclusif de chasse ou de pêche. La rivière (Déôme) n’est pas loin et les seigneurs successifs du château de La Rivoire auraient pu être les détenteurs de ce droit. Il faut remarquer que l’abbé Peillon, qui consacre trois articles au Château de la Rivoire, note dans le premier (L’Echo de Saint-Julien, septembre 1907) que le domaine de la Rivoire s’est étendu à une certaine époque jusqu’au ruisseau de la Garinière, qui marque aujourd’hui la limite entre le département de la Loire et celui de l’Ardèche. Or, précise-t-il, ce ruisseau de la Garinière s’est primitivement appelé ruisseau de la Gallinière. Cela conforte l’idée d’un endroit giboyeux, avec seulement un changement de nature du gibier, une gallinière étant plutôt riche en gallinacés (poules et coqs, faisans, perdrix, cailles, pintades…).

Dans son Histoire de St-Julien-Molin-Molette, Joseph Bancel écrit que « l’avenue de Colombier était encore en 1900 appelée Merderue, en patois Mardariau. Ce nom vient du pré Merdaire, qui était limité d’un côté par le chemin de Drevard et de l’autre par le chemin de St Julien à Colombier, et sur lequel fut tracée l’actuelle avenue. » À l’évidence, ce pré devait être boueux, fangeux. Les ruisseaux dont le nom est formé sur le célèbre mot de Cambronne sont légion dans les vieux quartiers des villes et villages, même s’ils coulent aujourd’hui dans les égouts ou sont couverts.
Quant à Colombier, ce village s’est longtemps appelé St-Pierre-en Colombaret, un lieu où il y avait un colombier, un pigeonnier. C’est le sens que l’on retrouve dans Colombes, Colombey, Coulomiers. Quelques rares Colombier peuvent venir du latin columna  (colonne) et conservent le souvenir d’un monument romain, ce qui n’est pas le cas dans notre commune voisine. Voici ce qu’écrit l’abbé Chaland (p. 24) sur la paroisse de St-Julien-Molin-Molette (les communes et les départements n’ont été créés que pendant la Révolution Française) : « La paroisse de Saint-Julien possédait autrefois, de temps immémorial, le hameau d’Etheize, de 200 âmes, hameau qui fut rattaché par son propre curé, M. Jamet, à la paroisse de Saint-Jacques d’Atticieux (Ardèche) à l’époque de la reconstitution des paroisses, après la grande crise de 93 ; elle possédait encore la Villette, Graix et Colombier, et avait environ 50 km  de circonférence. Au 17ème siècle, elle avait déjà trois prêtres à sa desserte : un curé et deux vicaires, le curé et l’un de ses vicaires résidant à Saint-Julien, l’autre à Colombier, chapelle vicariale annexe de l’église de Saint-Julien, sous le vocable de Saint-Pierre, mais avec l’obligation d’aller célébrer de temps en temps les saints mystères à la chapelle rurale de Graix, sous le vocable de Saint-Abdon et de Saint-Sennen, dont le curé de Saint-Julien était le recteur. En 1780, Graix se détacha de la paroisse mère et s’érigea en succursale et eut son curé. La même année, Colombier suivit son exemple. »

C’est en direction de Bourg-Argental, l’espace compris entre le quartier de la Modure et Roué. Ce nom pourrait venir de l’ancien franco-provençal buzo, bozo = bouse. On trouve ici une source. Aux époques où l’on ne disposait pas de l’eau courante, un point d’eau était précieux. Hommes et animaux s’y pressaient. L’endroit était sans doute boueux, bouseux.

Mollisolle en 1391, Mallesolle en 1399 = sol mou, terre humide. En effet au fond du vallon coule le Tacon, même si ce ruisseau n’est pas très gros.

Terre aux ronciers (latin rumex) qui fut défrichée entre 1075 et 1180, puis cultivée pour faire face à une poussée démographique exceptionnelle.

Le moulin de la Caroline au mas de la Prélagère : près du Mont Chaussitre on trouve le hameau de Prélager, mentionné dès 1383 sous la forme Prato Lagier (= pré de Lagier), ce qui pourrait aussi être à l’origine de Prélagère.

On pense à rouet, roue… Difficile d’imaginer que le Tacon, ruisseau minuscule aussi bien par son débit que par sa longueur, ait été un jour équipé d’une roue à aubes. Dans L’Echo de St Julien de l’été 1907, l’abbé Peillon écrit : « la noblesse des seigneurs de la Condamine n’est pas équivoque ; elle est une des plus anciennes de la province du Forez, constatée par les titres les plus authentiques et les mieux suivis… Le premier que l’on trouve pour composer une généalogie est Pierre de Harenc… Petrus Arenki alias de Rota… vivait en 1350… Le dit Pierre de Harenc est surnommé de la Roüe, surnom qu’il prit au moyen de l’acquisition faite du château et seigneurie de la Roüe, situé dans la paroisse de St Sauveur ». Par mariages et acquisitions, sa descendance s’établit à St Julien et l’on est en droit de supposer (mais cela reste à prouver !) qu’il y a lien entre ces seigneurs de la Condamine, grands propriétaires fonciers, et le hameau de Roué, situé pas très loin.

Hameau très modeste, Lyponne est néanmoins quelque peu mystérieux pour ce qui est de son histoire et de celle de son nom. La tradition, rapportée par Joseph Bancel, dit que, dans des temps immémoriaux, le Ternay ne coulait pas dans la direction de St Marcel-lès-Annonay, mais passait par Lyponne jusqu’à ce qu’un cataclysme, dont on ne sait rien, le détourne.
En compensation et dédommagement, les habitants de Lyponne obtinrent la jouissance d’un canal d’irrigation avec une prise d’eau sur le Ternay. Mais à la fin du 18ème siècle, des habitants d’Annonay et des environs, menés par les Montgolfier, qui avaient évidemment besoin d’un maximum d’eau pour leurs activités industrielles, intentèrent vainement de nombreux procès afin de mettre fin à ce qu’ils estimaient être la survivance d’un privilège féodal. Mais preuve que la tradition, qui n’est pourtant étayée par aucun document ni vestige matériel, était vivace et forte, les habitants de Lyponne eurent définitivement gain de cause après plusieurs décennies de procédure et conservent aujourd’hui encore ce droit.
Quant au nom du hameau, son origine est obscure. Certains partent du latin lipus (lipa en occitan) c’est-à-dire matière gluante ou de limus qui a donné limon. Cette hypothèse est a priori séduisante, d’autant que les anciens rapportaient que la grange de l’ex-première ferme du hameau est en grande partie construite sur pilotis, les maçons ayant vu soudainement le rocher leur devenir inaccessible pour bâtir les fondations. Et en effet le creux qui va jusqu’au ruisseau le Pontin a un sol fait d’argile grise et glissante. Mais il y a un hic…
Si on suit le cours du Pontin(*), on arrive quelques kms plus bas, au hameau de Limonne, aux environs duquel plusieurs ruisseaux se joignent au nôtre pour former le Limony, qui va se jeter dans le Rhône après avoir traversé le village de Limony. Or le Limony coule dans une vallée étroite, rocheuse, couverte de broussailles et de vignes (entre Charnas et Limony). Le Limony reçoit même un minuscule affluent le Liponnet, nom d’un lieu-dit où est établie une belle exploitation viticole qui n’affectionne guère les terres grasses et humides. Sur le panneau d’information, place de la mairie, on peut lire que Limony vient du latin pagus luminis (pays de la lumière). De nombreux objets antiques liés au culte d’Appolon ont été trouvés lors de fouilles. Or Lyponne est situé dans un creux où le soleil se lève assez tard, surtout en hiver…
Pour ajouter encore à la confusion, certains affirment que Limonne, Limony viennent comme Limonest dans le Rhône, du mot gaulois limo désignant l’orme. Le nom de famille Limone ou Limonne est fréquent dans le secteur (voir les tombes à Lupé) mais l’arbre n’est pas très abondant ici. Mais il y a très longtemps ?
De plus aucune règle phonétique n’explique le passage du m au p. Mais peut-être que la proximité géographique et phonétique a permis des mutations dans les noms ? Dans l’état actuel des recherches, il est sûrement plus sage de ne pas trancher  et de vous laisser libres de choisir et peut-être de résoudre le problème…

(*) Le Pontin : l’espace situé en contrebas de St Jacques d’Atticieux s’appelle « les Pontins ». Un petit pont en pierres permet de passer de l’Ardèche à la Loire en franchissant « le Pontin ».

Dans ce village les noms des rues ne font pas preuve d’imagination ou peuvent être très originaux…

Si vous voulez vous rendre au Calvaire (parc à visiter car c’est une pièce unique – voir ici sur notre site), vous pouvez prendre la montée du Calvaire ou la montée de Anges.

Montée des Fabriques : ce nom de rue apparait sur le cadastre bien avant que la commune décide de donner des noms et numéros aux rues, et cette montée donne accès… aux fabriques ! C’est dans ce secteur qu’ont été implantées les premières fabriques de moulins à tordre le fil de soie au 18ème siècle. Si vous voulez rejoindre la montée des Fabriques, prenez l’avenue des Ateliers qui vous y conduit, mais il n’y a pas d’ateliers dans cette rue. Les fabriques sont ensuite traversées par le chemin des Tissages

Seules une place, une rue, et un chemin portent le nom d’une personnalité : la place Louis Bancel, artiste sculpteur originaire de ce village, la rue Jean Delforges, premier pharmacien à s’être installé au village, et le chemin Anne Sylvestre, baptisé ainsi en juin 2021 en hommage à cette grande dame de la chanson qui venait chaque année au stage de chanson Les Oiseaux rares organisé par Michèle Bernard et son équipe de Musiques à l’Usine et qui empruntait ce chemin qui relie le Pré Battoir à la salle des fêtes.